Devenir membre CODIR – quels sont les enjeux ?

Par Pauline Goujon, Coach professionnelle certifiée

Vous accéder à un poste de direction : une nouvelle étape dans votre carrière est sur le point d’être franchie, elle est source de fierté. Il se peut que le parcours ait été long et endurant, ce qui rend la victoire d’autant plus savoureuse… 

Et en même temps devenir membre d’un CODIR implique un changement majeur de rôle et de place. Les premiers mois sont souvent déstabilisants, ils portent en eux leur lot de confusion, de déstabilisation, parfois même de frustration. Il n’est pas rare de ressentir une certaine solitude couplée à l’impression d’avoir tous les regards braqués sur soi.  

Au fond, qu’est-ce qui est si différent ? 

 Voici 4 enjeux principaux observés par notre équipe au sein de cette dynamique.  

1/ Accepter l’idée de redevenir novice, et de changer d’identité  

Remettre en question ses certitudes et croyances, rester ouvert aux feedbacks, aux conseils, voire aux critiques et ainsi favoriser sa propre transformation identitaire : voilà le plus grand challenge. Toute nouvelle phase de changement comporte des obstacles à franchir – les résistances personnelles en font partie. Le fait de s’approprier avec humilité l’état du débutant permet d’apprendre plus vite et d’investir plus rapidement cette nouvelle place dans l’organisation. Les erreurs font partie du processus, les mots de Carl Gustav Jung nous le rappellent. “Sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension”.

2/ Adopter des rôles multi-facettes : coach, enseignant, facilitateur… 

En devenant « manager de managers », bien avant d’obtenir des résultats, votre rôle est d’accompagner la montée en autonomie de vos équipes. Il ne s’agit plus de trouver rapidement des solutions aux problèmes amenés par les équipes mais de guider la réflexion pour les amener à identifier et à choisir les meilleures options, ce de manière autonome. Cette posture est pertinente quand les sujets portés par de nouveaux collaborateurs présentent un niveau de complexité important. Vous ne pouvez plus maîtriser tous les détails de leur problématique : la posture de guide, de « manager-coach » est alors la plus opérante.

3/ Redéfinir sa contribution ; troquer la loupe pour la longue vue  

A cette nouvelle place dans l’organisation, plus question de raisonner dans son périmètre uniquement. L’enjeu est de passer d’une approche centrée sur l’excellence opérationnelle à une approche centrée sur la vision d’ensemble et la stratégie moyen et long terme. Devenir membre d’un CODIR signifie devenir co-responsable de la performance globale de l’entreprise. C’est ici que mettre toute son énergie au profit du bien commun prend son sens. Il est donc temps de redéfinir sa contribution à l’entreprise, en se demandant notamment “quelle est ma réelle valeur ajoutée à ce poste ?”. Celle-ci peut notamment résider dans la capacité à faire rayonner son équipe et son entreprise auprès de leur environnement respectif et faciliter le maillage entre structure, dans la capacité à communiquer, à engager, à donner du sens. En quittant l’action directe et l’attente de résultats tangibles immédiats / à court terme, on élargit sa vision au profit d’un but qui dépasse nos propres intérêts et notre simple périmètre.

4/ Quitter la logique d’EGO pour aller vers une logique d’EGAUX

Le besoin de rassurer son moi intérieur (nommé ego) en accumulant des connaissances sur tout est légitime et naturel, présent en chacun de nous à différents degrés. Mais cet excès comporte bien des aspects sombres. Peut-être l’avez-vous déjà vécu ou observé : vouloir tout savoir est épuisant pour soi et pour son environnement. Accepter de ne plus tout connaître dans les moindres détails et ainsi de s’en remettre à l’expertise de son équipe consolide la fluidité des échanges et la confiance, véritable pilier de cohésion d’équipe. Accepter l’interdépendance, la vulnérabilité plutôt que fantasmer la “toute puissance” du co-dirigeant – c’est probablement ici que se cache le plus grand challenge d’un nouveau membre CODIR.   

En conclusion, quand la chrysalide devient papillon, même si l’idée de pouvoir voler est attirante et motivante, la phase de transformation n’en reste pas moins douloureuse et très inconfortable. C’est un passage obligé. Dans cette métamorphose, pensez à clarifier vos intentions et à identifier vos priorités. Entourez-vous de personnes inspirantes et positives. Et pensez à emmener avec vous la dimension plaisir !

Crédit photo : alyssa stevenson via Unsplash

0
années d'expériences
0
collaborateurs
0
post-its utilisés en 2021